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Immobilier : pourquoi les acheteurs privilégient les passoires thermiques
Sur un marché immobilier encore très fragile, les passoires thermiques font le bonheur des acheteurs, qui profitent ainsi de fortes décotes sur les prix.
A la fois repoussoire et attractive. Les passoires thermiques - les biens immobiliers aux pires notes de diagnostic de performance énergétique (DPE) - sont amenées à disparaître progressivement du marché de la location. Pourtant, elles attirent encore beaucoup les acheteurs selon la plateforme immobilière GoFlint. La dernière édition de leur baromètre* publiée le 6 août, révèle que 64% des biens aux DPE notés F ou G - les pires notes - ont été vendus ou retirés des portails d’annonces immobilières au premier semestre 2024, soit presque deux fois plus que les appartements ou maisons notées A ou B - les meilleures notes.
La faible «viscosité» des logements mal isolés, c’est-à-dire leur propension à se vendre rapidement, s’explique avant tout par leurs prix attractifs : «En France, une passoire thermique enregistre une décote moyenne attendue de 19,1% pour un appartement et 33,4% pour une maison par rapport à une habitation verte», souligne la jeune pousse. Et cette tendance se poursuit. Au deuxième trimestre, les appartements notés F et G sont les seuls à avoir vu leur prix baisser (-0,3%) à l’échelle nationale. «Cette nouvelle analyse souligne de nouveau que le DPE est un facteur pivot de valorisation des biens immobiliers tant pour les vendeurs que pour les acquéreurs», souligne ainsi Mihai Gavriloiu, co-fondateur de GoFlint.
Des biens neufs de plus en plus chers
Dans les villes aux prix immobiliers les plus faibles, les passoires thermiques s’échangent à des prix particulièrement abordables : 1 225 euros par mètre carré à Saint-Etienne,1 473 euros à Mulhouse et 1 644 euros à Limoges. A l’inverse, les bien notés au DPE très mal noté sont encore très valorisés dans la région francilienne : 10 688 euros à Paris, 8 609 euros à Boulogne-Billancourt et 6 267 euros à Montreuil. Il faut dire que dans la capitale, les passoires thermiques représentent plus du quart (28,5%) des biens en vente.
De l’autre côté du spectre immobilier, la crise de la construction poursuit ses effets néfastes. Seulement 8 500 biens neufs - ou quasi neufs - ont été vendus ou dépubliés au deuxième semestre, soit moins de 25% des 31 500 biens notés A au cours de cette période. En mai, le ministère de la Transition écologique relève une chute de 22,4% des réservations de ce type de bien sur un an. Et leur prix poursuivent leur augmentation (+0,7% sur le deuxième trimestre 2024), freinant un peu plus encore les velléités d’achat des ménages.
* Étude menée entre le 1er avril au 30 juin sur 977 343 propriétés, dont 389 976 étaient déjà en vente sur la période du 1er janvier au 31 mars 2024.